Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon
En guise de conclusion
Ce parcours nous permet de découvrir des éléments permanents et des évolutions au cours des trois siècles pendant lesquelles se sont succédées une douzaine de générations de mouzillonnais.
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Des éléments permanents .
Un territoire qui est resté identique.
La géographie de la commune est restée quasiment la même avec sa forme allongée sur les deux versants de la Sanguèze, ses gros villages comme la Greuzardière, la Barillière, la Recivière, La Rouaudière, la Morandière, le bourg à peine plus gros qu'un village et ses métairies plus isolées . Cette stabilité territoriale contraste avec les deux communes voisines que sont Vallet et Gorges puisqu'avant la révolution française la commune de Gorges s'étendait jusqu'à Saint-Crépin (Clisson était limitée en superficie) et que la Commune de Vallet a été partagée avec la création de la Regrippière. Comment se fait-il que cette structure territoriale ait été créée, unifiée et se soit maintenue ? La réponse à cette question nous donnerait de nombreuses clés pour comprendre cette population qui en a fait son lieu de vie.
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Une population fortement attachée à son terroir.
Même si le parcours qui a été fait n'a pas recherché à mettre en valeur ceux qui sont partis de la communauté, ceux qui ont émigré, il est possible de deviner une grande stabilité de cette communauté dont les liens familiaux sont tissés très serrés Qui n'a pas un ancêtre du nom de Luneau, Denis, Aubin ou Défontaine ? Ces liens familiaux ont dominé l'aménagement du territoire... Jusqu'au cadastre qui prend la forme d'une mosaïque autour de chacun des grands villages. Et cette mosaïque dessine des liens de parenté au-delà de ce que la mémoire a pu transmettre.
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Une tradition de partage égalitaire
Une tradition de partage égalitaire entre les enfants après la mort des parents apparaît comme une tradition constante. Les biens mobiliers et immobiliers sont partagés en parts égales entre les enfants. Les parcelles sont divisées pour que l'égalité des parts soit bien respectée. Cette pratique donne autant d'importance aux garçons qu'aux filles, aux ainés qu'aux plus jeunes. C'est ainsi que les parcelles vont être morcelées, et parfois très réduites même si de temps à autre quelqu'un rachète une parcelle à un frère ou à un oncle, regroupant ainsi quelques parcelles. Ce morcellement sera adaptée d'une part à l'exploitation manuelle avec des outils finalement assez rudimentaires puisque la culture de la vigne permet d'assurer la subsistance sur une petite surface ; ce morcellement fera d'autre part de tous les Mouzillonnais de petits propriétaires fiers de leurs richesses et de leur hérédité. Les structures d'exploitation évolueront, mais l'état d'esprit évolue plus lentement.
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La place des femmes
apparaît nettement à travers les arbres généalogiques patrilinéaires. A plusieurs reprises nous avons pu relever des situations où les femmes savent décider de l'avenir de leur patrimoine et de leur descendance... Et le choix du conjoint n'est pas le moindre des critères puisque le mari est celui qui vient dans la propriété de la femme. Il est l'ouvrier agricole qui épouse la propriétaire et partage sa condition; elle est la maîtresse de maison qui assure les revenus de ses biens et de sa descendance. Derrière une apparence de patriarcat dans la vie sociale et publique, la puissance d'un matriarcat est sous-jacente et permanente. Elle se manifeste très clairement dans certaines situations de crises.
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Des évolutions
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Le passage de la dépendance à l'indépendance.
Les registres de Mouzillon montrent que la présence des nobles était constante sous l'ancien régime. Ils pouvaient demeurer au château de la Barillière ou à la Morandière ; ils pouvaient être propriétaires des métairies, ils pouvaient être déservant de la paroisse... ou encore ils avaient leurs greffiers, leur personnel qui géraient leurs biens et participaient au traitement des affaires de justice de première instance. Puis peu à peu, avec le développement de l'idéologie des petits propriétaires et de la culture de la vigne, les métairies se sont réduites et ont été partagées et la noblesse a peu à peu vendu ses terres et perdu sa place à Mouzillon. Les personnalité influentes ont été des hommes du terroir qui avaient bien géré leurs affaires et qui apparaissaient digne de confiance. Ainsi la dépendance d'une classe sociale minoritaire a laissé la place à une indépendance plus grande tant dans le domaine du travail que dans la gestion de la vie collective.
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Le passage d'une vie communautaire à une vie plus individuelle.
Au cours de la période que nous avons essayé de mieux connaître, de nombreux indices laissent penser que la vie communautaire était particulièrement développée : Un ménage était souvent composé de plusieurs générations vivant sous le même toit ; l'intimité n'avait pas l'importance que nous pouvons lui accorder au XXIème siècle. De plus, les habitants d'une même maison étaient aussi souvent des travailleurs attelés à une même tâche, à un même labeur : la communauté de travail était la communauté de vie. Cette vie était courte, l'espérance de vie était inférieure à 50 ans ; les projets collectifs engageant deux ou trois générations étaient les seuls à pouvoir se réaliser dans le temps. Les mariages pouvaient être de véritables histoires d'amour, mais ils étaient aussi produits par les nécessités d'une vie rude, avec des moyens rudimentaires. Les prénoms ne sont pas originaux ; la femme, l'homme, était d'abord un membre d'une famille et beaucoup de ses cousins étaient dans les villages voisins. Puis d'autres pratiques se sont développées : le choix d'un conjoint plus lointain, le demande de congés... comme si la vie de chacun prenait une place plus grande.
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Le passage d'une population majoritairement analphabète à une population scolarisée.
Au cours des trois siècles que nous avons évoqués, la plus grande transformation et la plus grand progression de cette part de l'humanité a été l'accès à l'écriture et à la lecture. Cet accès était possible pour quelques garçons au XVIIème et au XVIIème siècle, puis il est devenu possible pour quelques jeunes filles. Au milieu du XIXème siècle, avant même que l'école ne soit obligatoire, la majorité est hommes et des femmes a accédé à la lecture et à l'écriture et c'est la vie individuelle, familiale et collective qui en a été peu à peu transformée. Cette compétence a surement modifié la conscience que nos ancêtres avaient d'eux mêmes. C'est bien parce que cette démarche était acquise que de nombreux progrès techniques ont pu s'implanter aussi rapidement au XXème siècle. Nous sommes les héritiers de cette volonté de savoir, de ce désir de faire progresser nos connaissances et de ce développement de notre conscience du monde dans lequel nous vivons.
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Le passage d'une population structurée par la vie religieuse à une population qui prend en main son destin civil.
Les registres qui nous renseignent sur la vie de cette communauté humaine au XVIIème et au XVIIIème siècles sont des textes qui attestent des évènements religieux. C'est l'horizon religieux qui cadrait et structurait les vies des individus et celle de la communauté : baptême le plus rapidement possible après la naissance, le mariage et la sépulture quelques heures ou quelques jours après la mort. Ce cadrage religieux s'est accentué pour les mariage à un tel point que les fiançailles ont parfois été enregistrées sur les registres avec des témoins. Puis après la révolution française nous sommes passés aux registres de la société civile. Enfin, au XXème et au XXIème siècle le cadrage religieux sur les mariages se réduira au point, parfois, de disparaître.
De même c'est sur un terrain autrefois rattaché au presbytère que la Mairie et l'école des garçons ont été construites au début du XIXème siècle.
Ce mouvement d'affirmation de la société civil sur les bases de la société religieuse se poursuivra au XXème et XXIème siècle puisque c'est le presbytère qui deviendra la mairie.
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Le passage d'une population qui n'a que des outils manuels à une population qui se donne des moyens d'actions avec des techniques plus rationnelles.
Ceci est aussi vrai pour les outils d'une petite exploitation agricole avec ses pics, pelles, fourches et pioches, pour les grandes exploitations avec leurs paires de boeufs, les charrues et les charrettes … que pour les ustensiles ménagers qui se réduisent à quelques chaudrons, casseroles et poêles autour de la cheminée. Cette pratique de la vie quotidienne où la main est seulement prolongée et protégée par les outils et des objets simples va se transformer avec l'arrivée des machines, d'abord grosses comme des locomotives, des locomotrices, avant que les moteurs à explosion puis les moteurs électriques ne prennent de plus en plus de place.
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Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon.
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Luc GOURAUD